Les médias se sont emballés sur une soi-disant découverte d’une neuvième planète dans notre système solaire. Pourtant point de découverte. Tout au plus, de vagues indices (un petit nombre d’objets de Kuiper auraient des orbites semblables) qui seraient appuyés par une simulation numérique. Bref, rien de nouveau sous le Soleil.

En effet, de gros objets plus éloignés que Pluton ont été maintes fois proposés mais jamais trouvés. Parmi les plus connus, citons :

  • Némésis (petite étoile située à environ 1 AU du Soleil). Expliquerait les perturbations régulières du nuage de Oort
  • Perséphone (planète plus grosse que Jupiter et orbitant entre 10 000 et 50 000 AU). Expliquerait le problème de la falaise de Kuiper
  • Tyché (planète plus grosse que Jupiter et orbitant jusqu’à plus de 10 000 AU). Expliquerait les trajectoires de certaines comètes

N’oublions pas que par le passé une planète interne à l’orbite de Mercure avait été prédite pour rendre compte d’anomalies dans l’orbite de Mercure : la planète Vulcain. On sait aujourd’hui que cette planète n’existe pas et que l’explication a été trouvée grâce à Einstein.

Quant-à la nouvelle planète proposée – la planète 9 – pour expliquer les caractéristiques un peu particulières de 6 objets de Kuiper (oui, seulement 6), il est fort probable qu’elle n’existe tout simplement pas du moins d’après les caractéristiques annoncées. En effet, ses auteurs lui prédisent un aphélie jusqu’à 1500 AU (un peu moins que 40 fois la distance de Neptune du Soleil) et une masse équivalente à 10 fois la Terre (environ 2 fois moins que Neptune). Or, en supposant les conditions les plus défavorables, sa magnitude apparente serait alors au maximum 19 (contre 8 pour Neptune qui est facilement visible dans une très modeste lunette amateur de 60 mm seulement). Une magnitude de 19 correspondrait à un objet environ 50 fois moins lumineux que Pluton. Un objet de cette nature aurait pu difficilement échapper à l’ensemble des télescopes qui scrutent le ciel d’une manière automatique.

Il est vrai toutefois que la plupart des télescopes opèrent depuis l’hémisphère sud, si bien que l’équateur céleste nord est « sous-surveillé ». Et par ailleurs, la plupart des recherches se concentrent dans les régions proches du zodiaque.

Le satellite Gaia devrait pouvoir invalider cette planète n°9 avec les caractéristiques annoncées puisque Gaia atteint sans problème la magnitude 20 et observe l’intégralité du ciel sans exception. Rendez-vous vers 2020 lors de la publication des travaux de Gaia.

Néanmoins, un objet moins réfléchissant, plus lointain ou plus petit pourrait échapper à Gaia. Il pourrait alors s’écouler pas mal d’années voire de décennies avant que la Planète 9 soit définitivement reléguée au rang d’hypothèse non confirmée.

Et à l’avenir, souhaitons davantage de recherche sérieuse ou de découverte scientifique. Et moins de buzz médiatique ou de simulation numérique.