Depuis environ une trentaine d’années, le format graphique JPEG règne en leader quasi incontesté. Notamment sur Internet, la majorité des images sont encodées en JPEG.

D’autres formats graphiques cohabitent pour quelques besoins particuliers : PNG (images simples ou besoin du canal alpha) et GIF (petites images animées) notamment. À noter aussi le format TIFF qui bien que très ancien et bien qu’il ne dispose pas de taux de compression intéressants, ni de canal alpha, ses dimensions maximales sont considérables : 2^32-1 x 2^32-1. Et il supporte une très importante profondeur de couleur : jusqu’à 16 bits par canal. Et du coup le format TIFF reste un format populaire pour numériser des documents ou des diapositives.

Si le JPEG était un choix pertinent à l’époque, on peut raisonnablement se demander pourquoi il est encore utilisé de nos jours. En effet, ce format graphique a dorénavant un faible taux de compression face à d’autres formats plus récents, et possède de nombreuses limitations, par exemple :

  • Taille maximale de 65535*65535
  • Pas de canal alpha
  • Profondeur de couleur limitée à 8 bits par canal
  • Taux de compression plutôt faible

Depuis sont apparus de nombreux prétendants au remplacement de ce format JPEG. Dont :

  • JPEG 2000. Ce format présente peu d’améliorations par rapport au JPEG d’origine, et n’a donc pas pu remplacer son prédécesseur.
  • WebP. Surprenamment, ce format est très limité : profondeur de couleur limitée à 8 bits par canal. Taille maximale des images limitée à 16383*16383 seulement. Néanmoins il accepte un canal alpha et a un taux de compression un peu meilleur que le JPEG.
    Une version 2 est en cours mais apporte peu d’évolution (profondeur de couleur légèrement améliorée à 10 bits par canal, taux de compression qui serait un peu amélioré)
  • HEIF/HEIC. Taille maximale de 16383*18383. Profondeur de couleur de 10 bits par canal.
  • AVIF. Taille maximale de 65535*65535 ou plutôt 8192 x 4352 avec des extensions possibles. Profondeur de couleur de 12 bits par canal.
  • JPEG XL. Un format récent mais taillé pour l’avenir tant il cumule les avantages. Dimensions maximales : 2^30-1 x 2^30-1. Profondeur de couleur par canal : 24 bits (entiers) ou 32 bits (flottants). Il supporte aussi pas moins de 4099 canaux (3 + 2^12), et donc le canal alpha est largement supporté. Et en plus il dispose d’un excellent taux de compression, etc.

Bien sûr il existe une multitude d’autres formats graphiques adaptés à des usages bien spécifiques (compression sans perte, support de très grandes dimensions, ou même formats simplement propriétaires).

À noter également que les dimensions maximales dans les 2 dimensions sont impossibles à obtenir en pratique pour de multiples raisons (notamment à cause des limitations d’offsets).

Logo JPEG XL

On comprend bien que le format JPEG XL est le format graphique du futur qui cumule quasiment tous les avantages. Ce devrait bien sûr être le format utilisé sur Internet pour réduire les données transmises et réduire la taille des supports mémoire, dans un réflexe de sobriété. Mais aussi le format de base pour les appareils photo, les appareils de numérisation, etc.

Hélas, tel n’est pas le cas. Google a décidé de mettre des bâtons dans les roues de ce format du futur. Sur fond de rivalité avec d’autres formats nettement moins bons (WebP et AVIF), et de sa situation largement dominante dans le domaine des navigateurs internet (Chromium / Chrome), le JPEG XL va avoir bien du mal à se faire la place qu’il mérite. Faudra-t-il que les autorités étatiques s’occupent de ce dossier ?